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Bulletin mars 2010 : CSW - l’autre marathon de New York
lundi 29 mars 2010, par
Le bilan politique de la 54e session de la « Commission for the Status of Women » (CSW) est mince : des résolutions faibles (en plus du manque de consultation de la société civile dans le processus de leur formulation). Oui, la CEDEF a fait l’objet de nombreuses discussions et toutes les sections de la Plateforme de Pékin ont été abordées – avec un accent fort sur les violences, l’accès aux ressources économiques et à la parité. Reste que la plus dangereuse activité pour une femme est encore de donner la vie parce que le taux de mortalité maternel n’a guère évolué depuis 1995.
Alors que plusieurs ateliers organisés par des ONG et des bailleurs ont martelé le rôle négatif du modèle néo-libéral sur l’égalité des femmes et des hommes, les rapports des états (de ceux que j’ai entendus) n’ont jamais mis en cause les choix politiques macroéconomiques de leurs gouvernements dans la perpétuation ou la création des inégalités. Ils s’en sont tenus à l’énumération de mesures dont la somme n’arrive pas – de loin – aux changements souhaités.
La première violence faite aux femmes n’est-elle pas celle des états qui ne prennent pas, ou n’appliquent pas, les mesures nécessaires pour la défense des droits, de la citoyenneté pleine, équitable et respectée des femmes ? La première violence n’est-elle pas celles des décideurs qui avalisent des politiques macroéconomiques dont le premier effet est de creuser un peu plus encore les disparités entre les sexes ? Nous sommes encore globalement à l’âge de la réparation des pots cassés … pas à l’anticipation de l’égalité ! Et puis, comme l’a rappelé Gertrude Mongella, première présidente du parlement pan-africain lors du lancement du rapport alternatif des femmes africaines, “il n’y a aucun échéancier et aucune sanction pour les états qui ne mettent pas en oeuvre la plateforme de Pékin ». La campagne pour la Nouvelle Architecture de l’Egalité au sein de Nations Unies mobilise les ONG … pour mobiliser les fonds dont elle aura besoin. Quand ? Combien ?
C’était mon premier CSW ! Certaines ONG viennent depuis 15 ans. Pourquoi ? La masse d’informations, de rencontres et de thèmes qui irriguent (inondent ?) l’événement ne permet pas une digestion facile. A moins de venir avec une approche « commando » et un plan d’attaque indéboulonnable (prévoyez du plan A au plan Z pour parer à toutes les éventualités de changements de programmes), il n’est pas possible de « profiter » de tout. Pour ce qui est de tirer une synthèse globale …
Mais le CSW est un formidable moment de retrouvaille et de mise au point des batailles (les anciennes et les nouvelles), avec un croisement fertile entre espaces géo politiques, culturels et mentaux. Le « tout pari de l’égalité » est là : responsables du genre des gouvernements et des organisations bi et multilatérales, militantes et chercheures connues et reconnues dont les noms émaillent les sites et les campagnes ! Bref, un menu alléchant … encore faut-il pouvoir s’approcher de la table ! Et, surtout, toutes ces femmes venant de partout, entassées dans les ascenseurs, perdues dans les couloirs, pressées dans les salles trop petites, toutes ces intervenantes dont le nom ne vous dit rien, mais qui vous épatent par leur énergie, leur propos et l’inventivité de leurs actions.
Les organisations et participantes francophones ont été très actives. Nous avons d’ailleurs établi une liste courte de quelques activités et organisations impliquant des francophones croisées au CSW (http://www.genreenaction.net/spip.php?article7642) … si vous n’y figurez pas, écrivez-nous, nous vous rajouterons ! Pour Genre en Action, Robert Toubon (notre trésorier, France) a contribué à une table ronde sur l‘implication des hommes dans les luttes contre les violences de genre, Mama Koité Doumbia (notre vice-présidente, Mali) a, entre autres, lu la Déclaration des Femmes Africaines en plénière. Annie Matundu (notre vice trésorière, RDC) n’a pas obtenu de visa mais sa contribution a été lue lors d’une séance sur les violences faites aux femmes dans les conflits.
On a parlé du « cirque » du CSW ! Je l’ai plutôt vécu comme le marathon. Sauf que nous n’avons pas bloqué les rues et qu’il y avait moins de personnes en fauteuil roulant que pendant la célèbre course. Ceci dit, l’homme le plus rapide (Haile Gebreselassie d’Ethiopie) a couru les 42 kms du marathon en 2h03 et la femme qui détient le record (Paula Radcliff de Grande Bretagne) l’a fait en 2h15 … un écart de 12 petites minutes. Parions que les prochains CSW nous donneront à célébrer de si petit écarts entre les sexes dans toutes les sections de la Plateforme de Pékin …
En attendant, préparez vos troupes et vos munitions - pacifiques mais toniques - pour le sommet des OMD à New York à l’automne, PARTICIPEZ EN REMPLISSANT LE QUESTIONNAIRE … et suivez de près l’actualité des préparations de cette rencontre sur notre site.
Claudy Vouhé
Présidente de Genre en Action
Album photo du CSW (Claudy Vouhé)
http://www.flickr.com/photos/41813567@N03/sets/72157623590485064/