Alors qu’en France nous avons le regard rivé sur nos soubresauts électoraux à venir, la Turquie s’apprête aussi à vivre l’élection de son président de la République. Quoique cette élection soit indirecte (c’est le Parlement qui vote), et donc pas au suffrage universel, l’atmosphère qui l’entoure est électrique. Le Premier ministre Erdogan est lui-même candidat (cela dit pas encore vraiment déclaré) et pourrait bien l’emporter. Or, Madame Erdogan est voilée, et on la verrait dans les couloirs du palais de la magistrature suprême. Une image impensable pour la moitié du pays, nourri à la laïcité républicaine, façon Atatürk.
Est-ce une coïncidence, mais c’est dans ce contexte que des femmes célèbres, intellectuelles, patronnes, artistes ou journalistes, viennent de lancer une campagne publicitaire "coup de poing" – ou plutôt coup de poils : elles s’affichent en grande largeur sur les murs, dans la presse (comme en Une du Turkish Daily News -cliquez ici) ou dans les médias audiovisuels, ornées d’une moustache, avec ce slogan "Est-il nécessaire d’être un homme pour entrer au Parlement ?"
Ces femmes réunies dans le KA-DER (Association pour l’éducation et le soutien à des candidatures féminines) ont décidé de réagir face à cette double constatation : la Turquie est 163ème sur 167 pays, pour sa représentativité des femmes au Parlement et elles sont moins nombreuses à y être qu’en 1934 ! L’attribut de la pilosité masculine (et souvent liée à la Turquie dans l’imaginaire européen) a créé un véritable choc dans la population. Mais derrière cette moustache féminine, il y a un homme. C’est en effet au directeur artistique d’une grande agence de pub, qu’on la doit...
Extrait de "Des moustaches et des poils"
Posté par : Sylvie Braibant
Source : http://blogs.tv5.org/caravane/
(voir aussi "Femmes et pouvoirs")