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Genre en Action au Forum Aswat el Nissa (octobre 2016)

mardi 8 novembre 2016, par Claudy

Genre en Action, les 2 et 3 octobre 2016, a participé au colloque Aswat en-Nissa (Voix de femmes) événement labellisé COP 22 qui a porté sur "Nouvelles Inégalités de genre au Maroc (mondialisation, changement climatique, dynamiques sociétales)".

Genre en Action a participé au colloque ASWAT en NISSA ("Voix de femmes"), labellisé COP 22. Organisé par l’IRD (Institut de Recherche et de développement), ce Forum a défendu la notion de justice climatique et de droits des femmes, pour "dépasser" les accords de Paris.

Sarah Mantah, qui a représenté Genre en Action lors de cette rencontre, met ici en relief quelques uns des temps forts de la rencontre.

Lors de l’introduction des 2 jours de travaux, Monique Barbut, Secrétaire Exécutive de la Convention des NU sur la lutte contre la désertification "les femmes perdent leur temps au détriment des activités génératrices de revenu"..."Il n’y a pas assez de données sur les droits fonciers". Monique Barbut a précisé que 100% des réfugiés climatiques viennent de zone de sécheresse qui font l’objet de conflits et guerres : lorsque l’on additionne les cartes des émeutes de la faim, les cartes des zones de sécheresse et les cartes du terrorisme ou des conflits armés, on obtient la même carte !

Fatima Zahra Benkhalouq et Ouidad Tebbaa, (professeures de l’université Cadi Ayyad de Marrakech) ont rendu hommage à Marie Lise SEMBLAT (décédée en 2013) de l’association Genre en Action et Présidente de ASTER International pour la notion de FEMINISME TERRITORIAL, une notion très utile pour comprendre et accompagner les stratégies locales des femmes dans la lutte contre les changements climatiques notamment.

Fettouma Djerrari, Présidente de Terre et Humanisme Maroc, sociologue et paysanne, revendique des propositions systémiques, transformationnelles, critiques de la surconsommation qui nous permettraient d’aller en deçà des 2/3 °C prévus par les Accords de Paris.

Sarah Mantah a représenté l’association Genre en Action en apportant une réflexion sur la question "genre, développement, justice climatique". Son intervention a pour questionné le triangle invisible "genre, dérèglement climatique et urbanisation". "N’oublions pas qu’en 2030, 67% des habitants de la planète vivront en ville, et que 2 milliards d’entre eux vivront dans des bidonvilles, dont une majorité de femmes". Elle a
rappelé les 5 bonnes raisons pour lesquelles les villes devraient poursuivre une approche sensible au genre dans leurs politiques de climat en zone urbaine (UN HABITAT) :

1/les femmes comme les hommes ont le droit d’être impliqué.e.s dans la prise de décision relative aux politiques climatiques, au niveau de la ville comme au niveau des environnements des villes
2/ les politiques climatiques ne relèvent pas uniquement de la TECHNOLOGIE mais aussi des questions sociales
3/ les politiques doivent répondre aux besoins et aux capacités de TOUS les citoyens , incluant les femmes comme les hommes, et les précaires comme les groupes marginalisés
4/ une approche sensible au genre rend les politiques climatiques plus justes équitables, en prenant en compte le fait que ceux (et celles) qui émettent le moins de rejets carbone sont ceux (et celles) qui en souffrent le plus (plus vulnérables)
5/ l’intégration totale de la dimension sociale et de genre dans les politiques climatiques maximise leur effet et augmente l’accès des ressources à tous/toutes.

Accéder à la présentation de Sarah Mantah
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A l’issue des 2 jours de travaux, Jean Yves Moisseron (chercheur à l’IRD), co-organisateur du Colloque ASWAT en NISSA et Sarah Mantah (Genre en Action) ont produit avec les autres participant.e.s des recommandations ambitieuses pour les négotiateur.trice.s, que vous pouvez retrouver ci-dessous et signer !

Les principales revendications portent sur :

  • l’inclusion des droits des femmes comme principe dans le futur texte de l’accord climatique et l’intégration d’une perspective de genre dans les politiques d’atténuation et d’adaptation au dérèglement climatique,
  • le renforcement de la formation et de l’accès des femmes et des jeunes filles aux filières scientifiques et techniques, aux emplois créés par la transition énergétique,
  • la participation des femmes et la formalisation de leurs activités dans les secteurs économiques et sociaux qui contribuent à la transition des modes de production et de consommation et à la résilience environnementale -économie solidaire, services urbains et ruraux, agriculture urbaine…-).

Le colloque a été relayé dans la presse marocaine. Lire article du journal L’Opinion] et aussi [celui du journal Le Matin]

Voici les recommandations collectivement établies à l’issue du Forum.

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"De la COP 7 à la COP 22, de Marrakech à Marrakech : la Voix des femmes pour l’égalité et la justice climatique.

1/ Concernant le préambule de la déclaration finale de la COP 22

- Que le principe de parité soit appliqué au sein des délégations des parties prenantes dans les prochaines COP.
- Qu’une approche transversale du genre s’applique à tous les nouveaux objectifs de développement durable et qu’elle se manifeste dans toutes les négociations sur ces problématiques.
- Que l’intégration de la santé et des droits sexuels et reproductifs des femmes soit posée en principe comme condition préalable à leur autonomisation.
- Que la COP 22 soit l’occasion de synergies Nord-Sud et Sud-Sud sur le double fondement de l’égalité des sexes et du développement durable.

2/ Concernant l’amélioration de la prise en compte des voix féminines :

- Que les femmes soient intégrées dans les processus de négociation décisionnelles à tous les niveaux dans la perspective de la parité.
- Que les plans d’action nationaux et de suivi intègrent des politiques basées sur le genre.

3/ Concernant le savoir sur le genre et le changement climatique
- Que la recherche scientifique sur la question du genre et du changement climatique soit considérablement développée et qu’elle bénéficie d’une partie des financements du fonds climat : la recherche fondamentale doit assurer sa mission critique tandis que la recherche appliquée doit documenter les liens entre changement climatique et rapports de genre.
- Que soient développés des outils méthodologiques et métriques, des indicateurs climatiques sexo-spécifiques pour mesurer l’impact des changements climatiques, permettre l’évaluation des politiques publiques et aider à la décision dans le choix et le ciblage des financements selon les marqueurs genre CAD de l’OCDE.
- Que soit favorisé l’accès à l’information, les transferts de technologie, la formation en direction des femmes.
- Que les savoirs locaux et les pratiques écologiques utiles pour l’adaptation soient valorisés et favorisés et diffusés.

4/ Considérant les moyens :

- Que tous les financements du fonds climat soient affectés à des projets sensibles au genre en objectifs prioritaires ou secondaires en veillant à un équilibre urbain-rural.
- Que soit facilité l’accès des femmes à l’information, aux mécanismes de financement, aux outils d’aide à la constitution de réseaux et de collectifs".

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  • Cliquez ici pour en savoir plus sur le Prix Marie-Lise Semblat créé par Genre en Action et Aster International, et dédié au féminisme territorial.
  • Retrouvez des articles sur genre et changement climatique sur Observaction, le centre de ressources en ligne de Genre en Action

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