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Genre et changement social au Maghreb, en Afrique subsaharienne et dans l’immigration
vendredi 28 septembre 2007
Massan d’ALMEIDA d’Afard Togo a fait un compte-rendu du séminaire international "Genre et changement social
au Maghreb, en Afrique subsaharienne et dans l’immigration" qui s’est tenu du 10 au 16 septembre 2007 à l’université de Ouagadougou au
Burkina Faso.
Par Massan d’ALMEIDA
Les équipes et universités suivantes ont coordonné ce projet sous la direction de Marguerite Rollinde : équipe ERASME/Institut Maghreb-Europe/Université Paris 8 et UMR GTM (Genre, travail, mobilités) CNRS/Universités Paris 8/Paris 10. Ce séminaire qui a été financé par l’Agence Universitaire de la
Francophonie dans le cadre du réseau « Genre, droits et citoyenneté »
s’inscrit dans la continuité de l’action de recherche « Femmes
Citoyennes, Maghreb - Afrique subsaharienne ». Il a réunit une trentaine
de participant-e-s dont des universitaires, des représentant-e-s
d’organisations féminines et des étudiantes venus de la France, de la
République Démocratique du Congo, du Sénégal, de l’Algérie, du Maroc,
d’Italie, du Togo et du Burkina Faso.
La principale question qui a traversé l’ensemble des réflexions au cours
du séminaire était en quoi l’approche par le genre est-elle pertinente
pour mieux comprendre les rapports sociaux. Les participants se sont en
outre interrogé-e-s sur les changements sociaux et politiques produits
par l’introduction de la dimension genre au niveau du mouvement
associatif, au sein des institutions et dans la recherche universitaire.
Plusieurs communications ont été présentées au cours de cette rencontre
dont voici les résumés.
RESUME DES PRESENTIONS
1. Genre et droit. Pour une lecture critique des mécanismes de
l’égalité, par Malika Benradi, Professeure à la Faculté de Droit
Université Rabat Agdal et Présidente de l’AFARD
Pour Malika, l’approche genre a depuis son avènement en sciences
sociales et humaines fait l’objet de débat, de controverses, voire de
polémiques ; c’est sans doute une approche complexe et sensible qui
demeure néanmoins d’une grande actualité sur le continent et d’une
utilité certaine pour la compréhension et l’analyse des disparités et
des inégalités hommes-femmes. Complexe et sensible parce qu’elle
interroge nos attitudes, nos comportements, nos référentiels, interpelle
notre socialisation, interroge notre système éducatif et le contenu des
manuels scolaires, remet en cause les normes juridiques qui fondent les
rôles sociaux attribués aux hommes et aux femmes et qui consacrent des
inégalités dans certains espaces notamment l’espace familial. C’est sur
cette dernière question, relative au Droit, en tant qu’ensemble de
règles qui régit les rapports dans la société à un moment donné, qu’a
porté sa réflexion. Son intervention a cherché à répondre à deux
principales questions :
Comment les normes juridiques, qu’elles soient nationales ou
internationales, rendent-t-elles compte des rapports sociaux de sexe ?
Pourquoi le droit n’a pas réalisé, jusqu’à présent, l’égalité des
hommes et des femmes, malgré les efforts déployés ?
Dans son exposé elle a démontré comment le DROIT en tant que
construction sociale, consacre des rapports inégalitaires entre les
hommes et les femmes dans certains domaines, en questionnant à travers
l’approche genre la problématique de l’égalité juridique des femmes et
des hommes en termes :
de signification : sur quelles valeurs substantielles repose le droit
à l’égalité des sexes ?
d’instrumentalisation : à quels instruments d’analyse faut-il recourir
pour expliquer les discriminations consacrées par la norme juridique ?
De même à quels outils faut-il faire appel pour instaurer l’égalité de
statut des femmes et des hommes dans toutes les sphères de la vie en
société ;
de construction de l’égalité : comment construire l’égalité des hommes
et des femmes, inscrits dans des rapports sociaux inégalitaires,
construits historiquement et socialement et que certaines normes du
droit positif consacrent expressément.
2. Qu’est-ce qui a changé pour les droits des femmes en Afrique
Sub-Saharienne depuis Beijing ? Par Massan d’ALMEIDA, Présidente de
l’AFARD Togo et Modératrice AWID Carrefour
Pour répondre à cette question, Massan a déclaré que depuis la
conférence de Nairobi sur les femmes jusqu’à ce jour, les conférences et
les réunions sur les droits des femmes se sont succédées pour discuter,
débattre et élaborer des stratégies pour la promotion des droits des
femmes dans le monde. Elle a affirmé que l’ensemble des luttes des
femmes a connu un certain aboutissement à la conférence des femmes à
Beijing en 1995, où les gouvernements de ce monde ont déclaré
ouvertement leurs engagements à « promouvoir les objectifs d’égalité, de
développement et de paix pour toutes les femmes partout dans le monde
dans l’intérêt de toute l’humanité ».
A travers son exposé elle a présenté à l’assistance les progrès qui ont
été réalisés à travers la mobilisation et le plaidoyer des femmes. Au
niveau de la prise de décision, il y a eu des avancées remarquables dans
certains pays. En matière de droits humains, il y a plus d’ouverture
dans le débat sur les questions relatives aux droits des femmes et cette
ouverture a permis de réaliser de véritables percées sur le continent.
En matière de violences faites aux femmes, la mobilisation des
organisations des droits des femmes a porté ses fruits dans plusieurs
pays et des lois ont été votées pour criminaliser la pratique. En
matière de paix et de sécurité, en octobre 2000, le Conseil de Sécurité
a adopté la Résolution 1325 conformément aux recommandations de Beijing,
une résolution qui aborde la question de l’impact disproportionnée et
unique des conflits armés sur les femmes et qui a permis aux femmes dans
certains pays de participer au premier plan au processus de paix et de
reconstruction dans leur pays après plusieurs années de guerre. En
matière d’éradication de la pauvreté, depuis Beijing, les conditions de
vie des femmes n’ont pas beaucoup évolué. Cependant certains pays ont
fait des efforts en mettant en place des stratégies d’éradication de la
pauvreté.
Elle a ensuite fait remarquer que bien qu’il y a eu des avancées dans
les efforts de promotion des droits des femmes, le travail qui reste à
faire pour permettre aux femmes de jouir véritablement et entièrement de
tous leurs droits humains est très important.
En conclusion elle a déclaré que l’identité de la femme africaine a
beaucoup évolué depuis le début des luttes féministes ; Ces luttes -
a-t-elle dit - ont porté leur fruit puisqu’elles ont provoqué des
changements dans les mentalités et dans les comportements vis-à-vis des
droits des femmes qui on eu des répercussions directes sur le statut de
la femme au sein de nos sociétés. Mais les résultats obtenus ne
satisfont pas les militantes des droits des femmes, car ce qui a changé
est infime par rapport aux objectifs qu’elles se sont fixées, aux
efforts qu’elles ont (et continuent de) déployés, aux moyens mis en
œuvre, aux promesses faites par nos gouvernements, bref par rapport aux
résultats escomptés.
3. Images et rôles de la femme dans la lutte contre le VIH/SIDA au Togo,
par Ednam Songhai, chercheur à l’Université de Lomé, Togo
Pour Ednam, la pandémie du Sida, du fait même qu’elle revêt une
dimension à la fois médicale, socioculturelle et politique, a offert un
cadre de réflexion stimulant, et déterminant pour les communautés du Sud
(plus touchées par la maladie), sur l’intelligence de l’organisation
sociale des rapports politiques, économiques et culturels entre hommes
et femmes. Depuis l’apparition du virus du Sida en 1984, l’humanité a
progressivement pris conscience de la sexospécificité de l’infection au
VIH. Au niveau mondial, au moins la moitié des personnes récemment
infectées sont des femmes. En Afrique subsaharienne, plus de la moitié
des adultes vivant avec le VIH/SIDA sont des femmes. Les raisons pour
lesquelles les femmes sont plus infectées et affectées que les hommes
par le SIDA sont connues : ce sont les inégalités sociales, économiques
et politiques qui exposent les femmes à un plus grand risque d’infection.
A travers son exposé basé sur l’analyse documentaire, des entretiens et
enquêtes de terrain, l’exposant :
a analysé les réactions et les actions des femmes face au VIH/SIDA au
Togo : prise de conscience, regard critique qu’elles portent sur leur
image dans le Sida, stratégies/actions des leaders féminins au sein des
associations, collectifs, groupements, universités, pour conquérir des
droits, en tant que femmes dans le contexte du Sida, et « changer les
règles du jeu », en inventant d’autres rapports hommes/femmes mais aussi
Etat/société ;
s’est interrogé sur les capacités de mobilisation sociale des femmes
leaders : comment des femmes qui ont acquis les droits économiques
sociaux et culturels, réagissent-elles face à un moment d’une altérité
aussi profonde de la dignité de la femme : : formation de coalitions,
participation à la conception de programmes de lutte contre le
Sida/d’accès aux soins, proposition/modification de lois, actions en
rapport avec les pratiques discriminatoires séculaires qui rendent
vulnérables la femme (tatouages, cicatrisations, circoncision, les
pratiques de veuvage, l’accès à la terre, l’héritage), manifestations
publiques, mobilisation politique, organisation de débats, campagnes,
plaidoyer, … et
a analysé les tendances en termes de changement social du fait du rôle
des femmes, porteuses d’un bouleversement sociétal dans les rapports
hommes-femmes ;
a enfin analysé les limites d’une mobilisation des leaders féminins
dans le cadre du Genre et VIH/SIDA au Togo.
Il a conclu en notant que bien que les femmes sont plus infectées car
moins informées, en terme de participation effective des organisations
féminines à la lutte contre la pandémie du Sida au Togo, de formation de
coalition et de production de savoir pour le plaidoyer très peu a été fait.
4. Femmes et luttes syndicales en Algérie, par Nassera Merah, militante
de mouvement de femmes et doctorante, Université d’Alger, Algérie
Nassera a commencé son intervention en présentant la situation du
mouvement des femmes en Algérie, un mouvement qui s’est pratiquement
éteint, car les femmes ont disparu de la scène publique – plusieurs
d’entre elles se sentant menacées se sont exilées du fait du terrorisme
qui ne permet quasiment plus l’exercice d’activités politiques dans le
pays. Donc le seul endroit où les femmes militent aujourd’hui en Algérie
c’est dans les syndicats, dont la principale est l’Union Général des
Travailleurs d’Algérie qui est une organisation plutôt politique qui
sert de relais au pouvoir. La lutte des femmes au sein de ce syndicat
s’est surtout faite à travers la commission féminine, et a eu une
incidence sur l’ensemble de l’arsenal juridique en Algérie. Elles ont
par exemple pu obtenir le vote d’une loi sur le harcèlement sexuel. Ce
fut - a déclaré l’exposante - une lutte essentiellement politique et non
revendicative, car les femmes leaders dans les syndicats sont plutôt
cooptées et ont en général les mains liées.
5. La perspective genre et les réformes en Algérie. Cas du droit de la
famille, par Malika Remaoun, économiste, Université d’Oran, Algérie
L’oratrice a dans son exposé relevé qu’il y a eu peu d’études sur
l’impact des réformes de l’ajustement structurel et de la mondialisation
sur les rapports hommes-femmes, dont les effets dévastateurs ont fait
grandir les inégalités entre les genres. Elle a relevé que la situation
des femmes s’est dégradée par rapport à celle des hommes en matière
d’emploi et d’accès à l’emploi. Elle a souligné que bien que le nouveau
code de la famille confère un peu plus de droits aux femmes grâce aux
aménagements relatifs à la polygamie, à l’âge du mariage, au logement
conjugal qui revient désormais au parent qui a la garde des enfants, et
à l’autorité parentale, il maintient toujours les femmes en position de
subordination par rapport aux hommes, ce qui à son avis n’est rien de
surprenant puisque les associations de femmes ont été exclues de la
commission qui a travaillé sur la révision du code. Cependant la
promulgation du code de la nationalité au même moment que celui de la
famille constitue une véritable avancée pour les femmes car il permet à
une algérienne mariée à un étranger de donner sa nationalité à ses enfants.
6. Changement social et relations familiales au Maroc après la
promulgation du nouveau code de la famille en 2004, par Houria Alami
Mchichi, Professeure, Université de Casablanca
Houria a commencé son exposé en situant les participants dans le
contexte de la promulgation du nouveau code de la famille en 2004
qu’elle a présenté comme une volonté du gouvernement marocain de
s’intégrer dans le mouvement mondial pour l’égalité. Le nouveau code
constitue une véritable révolution car il intègre la dimension d’égalité
dans le champ privé. Elle a déclaré que selon les résultats d’études
qu’elle a mené l’adoption du nouveau correspond à l’évolution des
mentalités au Maroc.
7. Migrations féminines en Europe. Esquisse d’une problématique ouverte,
par Adelina Miranda, Professeure Université de Naples, membre du GTM Paris
Dès la fin des années soixante-dix, de nouvelles formes de mobilité
commencent à émerger dans les pays occidentaux : le phénomène s’élargit
et se diversifie à l’échelle mondiale et de nouveaux pays d’émigrations
et d’immigrations font leur apparition sur la scène. L’exposante a fait
remarquer que la plupart des mouvements sont liés au regroupement
familial, et qu’il y a une augmentation des mobilités circulaires et
saisonnières. Dans ce contexte, on enregistre une féminisation des flux
migratoires, c’est-à-dire que de plus en plus les femmes partent seules.
Sa présentation s’est focalisée sur les différents aspects du phénomène
et d’une manière particulière sur deux thématiques :
Le passage des migrations féminines traditionnelles aux migrations
actuelles dans le cadre européen ;
La présence économique des immigrées et notamment dans les services
aux personnes.
Avant de clore ses propos elle a soumis deux questions au débat :
L’optique de genre peut-elle soutenir le développement d’un nouveau
regard sur les migrations et sur le genre ?
Peut-elle contribuer à une lecture moins euro-centrique de ces
phénomènes ?
Car beaucoup de travaux de recherche sur la migration se concentrent sur
les femmes qui migrent, mais il faut aussi examiner la situation des
femmes qui restent et dont les époux migrent a-t-elle souligné.
8. Analyse de la dimension genre dans les nouvelles formes de migrations
internationales au Sénégal, par Fatou Sarr, Laboratoire Genre et
Recherche Scientifique – Ifan/UACD (Sénégal)
C’est au courant de l’année 2006 que les Sénégalais ont découvert de
façon brutale le départ massif de jeunes garçons et filles dans de
frêles embarcations vers l’Espagne. Cela a ému le monde entier, mais ce
phénomène n’est nouveau que par son ampleur. L’hypothèse de la recherche
menée par Fatou est que les nouvelles formes de déplacement, à moindre
coût par rapport aux voies aériennes, ont permis une plus large
implication des femmes dans des zones côtières où grâce à des activités
économiques elles disposent de ressources financières conséquentes. Ces
femmes appartiennent à des modes d’organisations comme les tontines qui
leur permettent de se lancer dans de telles opérations ; et le
développement fulgurant des mutuelles d’épargne et de crédit n’y est pas
non plus étranger a-t-elle déclaré.
Cette communication a rendu compte des résultats de l’enquête
préliminaire menée par l’oratrice auprès de quelques familles. Elle a
essayé de circonscrire la part prise par les femmes dans le processus de
la nouvelle forme de migration, de comprendre leurs motivations et le
rôle joué dans l’organisation du voyage du migrant et son financement.
L’étude a révélé que les migrants partent actuellement à cause de la
paupérisation (perte de leurs revenus due aux politiques économiques, à
la crise énergétique, aux accords de pêche des compagnies
internationales avec le gouvernement sénégalais, pour ne citer que
ceux-là), que les femmes jouent un rôle actif dans la migration de leurs
enfants car ce sont elles qui les motivent à partir et leur fournissent
les moyens. Mais malheureusement quand l’aventure tourne au fiasco elles
sont aussi les plus affectées (appauvrissement, souffrance
psychologique, etc.). Dans sa conclusion, l’oratrice a déploré le fait
que les politiques de réinsertion financées par les européens ne
s’adressent qu’aux hommes, ce qui révèle bien que les pouvoirs
politiques sont loin du vécu des femmes et ignorent l’ampleur de ce
phénomène sur elles.
9. Citoyenneté et discrimination, par Mahamadé Sawadogo, professeur
université de Ouagadougou
Mahamadé dans une approche philosophique et politique a relevé que la
condamnation (de principe) de la discrimination n’empêche pas qu’il y a
différentes formes de discriminations (de fait) partout dans le monde.
Il a articulé sa réflexion autour de trois points : la condamnation
inachevée de la discrimination dans le monde moderne, les défis de la
résistance contre la discrimination et les questions de l’orientation du
changement social. Il a fait remarquer que le monde moderne se
caractérise par l’affirmation du principe d’égalité, qui a sa genèse au
18ème siècle avec des philosophes tels que Rousseau, Spinoza. Il a
relevé que les lieux de persistance de l’inégalité demeurent la division
social du travail, la répartition des revenus et l’accès aux fonctions
dirigeants.
L’implication politique de la discrimination est
l’enracinement de la contestation et la quête d’un changement social par
la catégorie rejetée, dont les supports sont la classe et les identités
(fondées sur le sexe, l’ethnie, la croyance, etc.). L’inégalité est un
moteur essentiel de changement social par sa capacité de transformation,
de redistribution et de reconnaissance, a affirmé l’exposant.
10. Genre, conflits et résolutions. Le cas de la RD Congo : Pour une
relecture du statut de la femme africaine, par Léon Matangila,
Professeur de Philosophie à l’Université de Kinshasa (RDC)
Léon Matangila a commencé son intervention en affirmant que les femmes
sont de véritables actrices dans nos sociétés. Il a relevé l’urgence de
faire une relecture critique des relations de genre au sein de nos
sociétés où d’aucuns considèrent encore la femme comme une punition que
Dieu envoie ; la Bible selon lui aggrave l’image des femmes en
présentant Eve comme le symbole de la tentation. D’où la nécessité de
déconstruire les relations de genre et de reconstruire l’image de la femme.
L’implication des femmes congolaises dans les conflits et leur
résolution en RDC est très visible et exemplaire a dit l’orateur. Elles
se sont constituées en groupe pour revendiquer la fin du conflit à
travers différentes manifestations : sitting devant les ambassades et
les ministères, marches pacifiques, constitution en une association «
cause commune », mémorandum, participation active dans les dialogues,
etc. et elles ont réussi à poser le problème de parité. Leurs luttes ont
abouti et elles ont obtenu d’importants résultats : la fin des combats,
l’ouverture du dialogue, un article sur la parité dans la constitution,
la mise en place d’un gouvernement pour ne mentionner que ceux-là. Leur
participation a été certes minoritaire, car c’était essentiellement un
mouvement urbain des élites, mais elle était efficace a déclaré l’exposant.
11. The mater’s brother and the sister’s son : Un modèle africain de
filiation paritaire, par
Roger Somé, professeur ethnologie Marc Bloch, Strasbourg
Par un retour aux sources dans sa propre ethnie, Roger Somé a présenté
aux participants le schéma anthropologique du lignage dans la société
Dagara du Burkina Faso. Société matrilinéaire, le groupe Dagara est un
modèle de parité qui semble atypique sous le ciel burkinabé dominé par
les modèles patrilinéaires. En effet dans l’ethnie Dagara c’est le
rapport entre le féminin et le masculin qui détermine la structure de la
société où la relation a lieu, bien qu’à l’époque on ne parlait pas de
relation de genre telle qu’elle est structurée aujourd’hui.
Les enfants
dans cette société ont une double filiation : par le père et par la
mère. Le père d’un enfant Dagara, c’est à la fois son géniteur, le frère
germain de son père, le frère utérin de son père, la sœur de son père
(mais celle-ci n’est pas appelé père mais tante et dispose de tous les
droits d’un père sauf dans les cérémonies), le fils de la tante, car
dans cette société le père n’apparaît que lors des cérémonies. La
filiation par la mère est déterminée par le don du nom à l’enfant. Et ce
sont les neveux et non les nièces qui héritent de leur mère ; elles leur
transmettent les biens meubles (bétail, argent, etc.) mais les biens
immeubles restent dans la famille paternelle. L’exposant a fait
remarquer qu’il existe au sein de cette société une domination
réciproque genre par principe d’équilibre auquel le nouveau code de la
famille a mis fin juridiquement. Il a fait constater que cette pratique
est à l’origine d’une déstructuration sociale, synonyme de régression.
12. Genre et alter mondialisation, par Pierre Nakoulima, Professeur,
université de Ouagadougou, Président ATTAC Burkina Faso
Pour Pierre, les rapports entre le genre et l’alter mondialisation sont
évidents car de l’avis du mouvement ATTAC qu’il représente au Burkina
Faso, les revendications et les luttes des femmes sont alter
mondialistes car elles sont contre la mondialisation néolibérale.
Alter-mondialisation et perspective genre partagent pour ce faire la
même détermination d’agir autrement. Cependant, au regard de l’exemple
du Forum Social du Burkina, l’exposant a fait remarquer que la question
« genre » n’est pas encore pleinement prise en compte en tant que
spécificité dans le débat.
CONCLUSION
Le séminaire international "Genre et changement social au Maghreb, en
Afrique subsaharienne et dans l’immigration" a pris fin le 16 septembre,
mais la réflexion autour de cette importante thématique continuera dans
le cadre du réseau global que les participants ont décidé de mettre en
place et dont la mission est de faire des travaux de recherche d’action,
méthodologique et théorique dans une approche comparative,
pluridisciplinaire et genrée sur l’Afrique à partir d’un regard interne
(Afrique – Afrique), croisé (Afrique du Nord – Afrique subsaharienne et
vice versa) et européen sur l’Afrique.
Source : AWID Carrefour Semaine du 25 septembre 2007