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Intégration des migrantes par les métiers de l’aide à domicile
jeudi 30 avril 2009, par
Le projet visant à intégrer les migrantes dans un secteur aussi “ porteur, ” en termes d’emploi, que celui de l’aide à la personne participe d’un esprit généreux. Mais il constitue aussi un projet ambitieux parce que difficile à mettre en œuvre, d’une façon satisfaisante, en raison des multiples obstacles qui se dressent devant les postulant-e-s à l’emploi, à la citoyenneté et, en un mot, à la dignité.
Le projet visant à intégrer les migrantes dans un secteur aussi “ porteur, ” en termes d’emploi, que celui de l’aide à la personne participe d’un esprit généreux. Mais il constitue aussi un projet ambitieux parce que difficile à mettre en œuvre, d’une façon satisfaisante, en raison des multiples obstacles qui se dressent devant les postulant-e-s à l’emploi, à la citoyenneté et, en un mot, à la dignité.
Comme l’ont des recherches italiennes qui ont servi de point de départ pour cette étude : " Le phénomène des femmes migrantes intégrées au territoire de l’Union européenne se trouve à la croisée d’une série de problèmes qui touche à l’immigration, à la discrimination envers les femmes, et aux services à la personne dans le cadre d’une explosion de l’assistance qui remplace les soins familiaux…". Et ce sont effectivement bien plusieurs niveaux de discriminations souvent imbriqués qu’il faut prendre en considération s’agissant de ce segment très particulier du marché du travail. L’étude d’Annick Riani s’articule autour de deux grande thématique. Elle évoque la toute première difficulté, celle d’être "étranger" aujourd’hui en France. Puis, elle aborde la question particulière des femmes étrangères (discriminées parce que femmes) pour terminer par une présentation rapide des questions soulevées par le travail du soin à la personne (le“ care ” anglo-saxon).
Voici quelques extraits de son étude que vous pouvez télécharger (document en fin de texte).
Alors que les grands mouvements de migration les concernaient au début des années soixante-dix, les femmes demeuraient pratiquement invisibles, “ oubliées ” qu’elles étaient des recherches, des rapports, voire des lois réglementant le séjour et le travail des immigrés. Alors que leur présence augmentait en raison du regroupement familial, la participation économique et sociale des femmes immigrées était ignorée. La France, qui avait recours à l’immigration de main-d’œuvre étrangère avait légiféré sur l’introduction des travailleurs, politique qui se prolongea jusqu’en 1974. Ce n’est que lorsque le regroupement familial s’est accéléré que les politiques “ d’accueil et d’intégration ” se sont mises en place et que les femmes migrantes sont tout à coup devenues “ visibles ”. On a alors parlé de “féminisation ” de l’immigration.
Les migrantes, qui travaillent donc, pour quasiment un quart d’entre elles, dans le secteur de l’aide à domicile se trouvent confrontées à des difficultés juridiques qui rendent leur situation précaire. S’y ajoutent les difficultés socioculturelles propres au secteur, des difficultés toujours liées au genre mais aussi souvent associées à l’origine sociale.
Une fois posé que les emplois à domicile ont une utilité sociale et qu’ils sont appelés à se développer, reste à savoir comment faire en sorte que l’espace de travail des salariées à domicile, qui est l’espace privé d’autrui, ne soit plus un espace caché, propice au mépris et aux abus. Là encore, la professionnalisation semble être une solution. Mais comment ? Les activités des salariées à domicile sont socialement très dévalorisées et, contrairement aux professions institutionnalisées libérales et intellectuelles, il est difficile aux aides familiales de fonder la légitimité de leur travail sur une
technicité particulière. Elles se trouvent en concurrence non seulement avec les professionnel-le-s de la santé et les membres de la famille mais aussi avec les bénévoles et les travailleuses au noir : beaucoup pensent que n’importe qui peut accomplir ce travail
La problématique centrale se pose donc d’abord, me semble-t-il, en termes de “ genre ” s’agissant d’une activité quasi exclusivement occupée par des femmes et fortement marquée les stigmates d’une division sexuelle des rôles qui a mis les femmes en position de dominées. Et ce d’autant, que compte-tenu du faible niveau de professionnalisation de ce secteur, ces
salariées appartiennent souvent à une classe sociale défavorisée. A cette double domination par le genre et par le milieu social qui se traduit souvent dans la réalité par des formes d’exclusion sociale, peut s’ajouter une troisième domination fondée sur “l’ethnicité ”, elle-même renforcée, on l’a vu, par discrimination fondée sur le genre. Cette triple discrimination, productrice de précarité, d’instabilité, de misère, en un mot d’exclusion et d’indignité, est le risque qui menace les populations
de migrantes, à des degrés divers, selon qu’elles ont obtenu ou non l’accès à la citoyenneté. Je rappelle en conclusion, cette évidence même dénoncée par les rédactrices de la présentation du projet, à savoir que le risque pour les “ sans-papiers ” est l’expulsion pure et simple ou la réduction en esclavage. Un rapport officiel français récent (2002) est d’ailleurs venu donner la “ mesure ” de ce crime.