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La coopération décentralisée : un levier pour la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes

jeudi 13 décembre 2012

Genre en Action propose ici la lecture du mémoire d’Evelyne Sagon, intitulé « La coopération décentralisée : un levier pour la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes » et écrit sous la direction de Marie-Lise Semblat, membre du CA de Genre en Action.

L’égalité des sexes pourtant inscrite dans le droit international et dans de très nombreux engagements internationaux tarde à s’imposer. Que ce soit au Nord ou au Sud, les disparités entre hommes et femmes perdurent. Elles n’ont été abolies par aucune culture, aucune société, quel que soit son niveau de développement et pèsent lourd dans la perpétuation des inégalités de développement.
La coopération décentralisée s’inscrit dans le mouvement de décentralisation des années 1980 et devient dès lors, partie intégrante des politiques du développement international. Elle nécessite d’intégrer les principes d’égalité entre femmes et hommes, de sorte que les avantages potentiels de la décentralisation puissent bénéficier à parts égales tant aux uns qu’aux autres. Or, force est de constater que là aussi, les résistances sont fortes.
En France, la coopération décentralisée a fait l’objet de nombreuses études mais très peu sous l’angle du genre. Pourtant, la base de données de l’atlas de la coopération décentralisée recense 4745 collectivités territoriales françaises engagées à l’international et 12000 projets de coopérations décentralisées, avec 138 pays.1
C’est notre implication dans le milieu de la solidarité internationale qui nous a amenée à nous questionner à partir d’un simple constat. Alors qu’en Franche-Comté certaines associations, localement présentes à travers leurs délégations, portent la problématique du genre dans leurs stratégies et leurs programmes, elle est étrangement absente dans les projets et les structures même de coopération décentralisée. Ce sujet ne semblait pas du tout abordé, localement.
Alors pourquoi une absence d’interrogation chez les acteurs franc-comtois de la coopération ? Est-ce une spécificité franc-comtoise ? Assurément, non. Et pourquoi l’approche de genre devrait-elle être prise en compte dans ces organisations et dans leurs programmes ?
L’hypothèse que nous posons ici est que cette situation résulte d’une méconnaissance du concept de genre, de sa difficulté à le comprendre et à l’appliquer. Il devient alors difficile
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http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/MAEEADVatlasV5_cle89593f-1.pdf, consulté le 17 février 2012
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pour les acteurs concernés, de mesurer combien l’intégration du genre dans les projets réduit la pauvreté et comment des projets aveugles au genre peuvent en revanche, aggraver les inégalités entre les femmes et les hommes.
Afin de tester cette hypothèse, nous avons effectué des entretiens semi-directifs auprès des responsables ou chargé-e-s de mission des 8 collectivités locales engagées dans des actions de coopération décentralisée (un responsable n’a pas répondu à nos questions par manque de temps). Il s’agit du Conseil Régional de Franche-Comté, des Conseils Généraux du Doubs, de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort, des Villes de Belfort, Besançon et Montbéliard. Nous avons également effectué un entretien réunissant Pauline Chabbert, chargée de mission « genre » à la DGM (Direction générale de la mondialisation, du développement et des partenariats) du MAEE (Ministère des Affaires Étrangères et Européennes), accompagnée d’Anne-Charlotte Jelty, contractuelle et de Sarah de Rekeneire de Cités Unies France.
Les entretiens que nous avons réalisés en Franche-Comté ne sont pas assez représentatifs, pour dégager une tendance générale de l’intégration du genre dans les actions de coopération décentralisée. Alors, pour les besoins de l’étude, et sur les conseils de Marie- Lise Semblat, présidente du réseau Aster-International associé aux initiatives de la région Picardie, nous avons réalisé deux entretiens supplémentaires, hors région Franche-Comté. Le premier, avec Madame Michèle Cahu, Conseillère Régionale de Picardie, déléguée à la coopération décentralisée et le second, avec Coralie Peyrot-Begard, chargée de mission coopération décentralisée, en Région Picardie.
Au démarrage de notre étude, nous ne nous limitions pas aux seules collectivités locales mais également aux associations de solidarité internationale qui emploient du personnel sur le territoire franc-comtois. C’est ainsi que nous nous sommes entretenue avec les responsables locaux de quatre associations de solidarité internationale : Oïkocrédit, CCFD- Terre solidaire, Terre des Hommes et Récidev, qui étaient les seules organisations locales répondant à ces critères. Or, l’orientation prise par notre étude n’a pas justifié que ces entretiens soient retenus.
Ces entretiens et nos diverses lectures (ouvrages, rapports, documents) nous permettent ainsi de dérouler notre étude en deux temps qui structurent ce document.
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Dans une première partie, après avoir étudié comment l’approche de genre est intégrée dans les politiques publiques nationales, nous nous demanderons en quoi il est utile d’intégrer cette approche dans les politiques, les programmes et les projets. Nous porterons ensuite un regard sur la place des femmes dans la décentralisation et terminerons cette partie par un bref panorama de la coopération décentralisée.
Dans une deuxième partie, nous verrons pourquoi et comment l’approche de genre peine à s’inscrire dans les structures et les programmes de coopération décentralisée de la Région Franche-Comté. Puis, à la lumière d’une expérience régionale relativement récente et isolée, celle du Conseil Régional de Picardie, nous noterons qu’une convergence de partenaires locaux, associée à une volonté politique déterminée et des moyens adéquats, sont des atouts considérables pour intégrer l’approche de genre au bénéfice du développement économique local d’une région.
Face à ces constats, nous préconiserons quelques pistes d’action en vue de donner de la visibilité au concept de genre dans notre Région.

Pour en savoir plus :

Pour lire l’intégralité du mémoire, cliquez ici.