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La parité hommes femmes, un enjeu pour la démocratie au Cameroun
dimanche 14 juillet 2013
Association COURAGE2D - corage2d@yahoo.fr Patricia Ndjandjo, juriste camerounaise, activiste pour le respect des droits des femmes et la parité hommes femmes aux instances décisionnelles. Militante depuis 2002 pour l’empowerment des femmes membre de l’ONG des femmes juristes ACAFEJ et l’Association pour la promotion du genre et développement humain durable COURAGE2D. Elle fait partie des cofondatrices en février 2012 de la plate forme pour l’institutionnalisation de la parité au Cameroun
Extrait de la Contribution de COURAGE2D à la 2e Conférence internationale sur la Parité le 30 avril 2013 au Palais des Congrès de Yaoundé
Tout le monde sait que la démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Et que le système démocratique repose sur des principes spécifiques que sont la transparence, la représentativité, l’alternance pacifique… Mais si l’on se réfère au contenu de la Déclaration Universelle de la Démocratie, on réalise qu’on ne saurait techniquement envisager la démocratie sans le partenariat véritable entre les hommes et les femmes dans la conduite des affaires publiques.
Plus précisément, en nous focalisant sur les principes de base de la démocratie que sont la participation (de tous les citoyens) et la responsabilité (redevabilité), la quête de la parité H/F aux sphères d‘influence devient une quête citoyenne.
Au delà de la transparence que les observateurs électoraux recherchent dans la compétition entre partis politiques, le besoin de la parité Hommes/Femmes doit se situer à la fondation même du jeu de participation des citoyens (hommes et femmes) dans le processus démocratique, puisqu’ils doivent avoir la liberté et la possibilité de participer à la gouvernance. Il va sans dire qu’il faut librement faire valoir les hommes et les femmes, et devrions nous ajouter, de manière naturelle, parce qu’il en est ainsi : la population est composée d’hommes et de femmes, et il ya des hommes et des femmes dans la tranche d’âge de leadership de commandement. A titre d’illustration, selon le dernier recensement de la population RGPH 2010, la démographie camerounaise signale environ 1.500.000 hommes camerounais âgés de 43 à 77 ans à côté d’au moins 1.450.000 femmes camerounaises de la même génération, or l’État et l’électorat responsabiliseront environ 5000 personnalités seulement.
Non seulement les partis politiques et leurs alliances partagent les espaces de direction avec une intégration des partis minoritaires dits partis d’opposition, mais dans la démocratie paritaire, avec le réveil du leadership des femmes de plus en plus manifeste, il est simplement juste de partager les sphères de direction entre les hommes et les femmes, afin que les femmes soient aussi nombreuses que les hommes, non pas moins ni plus. Cela n’est plus utopique comme le pensaient nos ainées une décennie plus tôt ! Évaluons ensemble :
Nous en sommes à déjà 18 ans d’appel à « égalité, développement et paix » de Beijing 1995,
Nous avons déjà 19 ans de mise en œuvre de la CEDEF qui demande de ne plus discriminer les femmes mais les promouvoir,
Nous avons déjà 4 ans d’exigence de la participation paritaire sous le Protocole de Maputo pour les droits des femmes africaines,
Nous sommes actuellement à moins de 7 ans de l’évaluation de la Décennie de la Femme Africaine 2010- 2020 aux termes de laquelle les Chefs d’Etats Africains expectent avoir instauré la parité hommes/femmes à 50/50 aux instances de décisions nationales et régionales (9e domaine clé : les femmes aux postes décisionnels) eu égard aux principes de l’Union Africaine.
La parité Hommes/Femmes doit donc être comprise comme un mécanisme de mise en œuvre d’un des principes fondamentaux des droits humains qu’est l’égalité des droits sans distinction de sexe.