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Le monde arabe en tête du hit-parade mondial de l’analphabétisme
jeudi 31 janvier 2008
Sur les 300 millions d’individus qui constituent la population arabe, il y a environ 100 millions d’analphabètes. Selon Lahcen Maddi, le secrétaire général de la Ligue marocaine de l’éducation de base de la lutte contre l’analphabétisme, ce sont les femmes qui sont le plus touchées par ce fléau, puisque la proportion des analphabètes avoisine 60% parmi les personnes de sexe féminin.
Malheureusement, cet article de presse n’analyse pas davantage les aspects sexospécifiques de ce phénomène.
Même le continent africain fait mieux que lui. Cet état des lieux, à la fois triste et alarmant, a été fait samedi dernier à Rabat à l’occasion de la célébration de la Journée arabe de lutte contre l’analphabétisme (12 janvier). Il est vrai que les pays arabes sont diversement touchés par ce fléau, mais la situation n’en demeure pas moins grave et en dit long sur l’ampleur du retard accumulé des années durant.
Au Maroc, malheureusement, le tableau n’est guère plus reluisant, selon le secrétaire général de la Ligue marocaine de l’éducation de base de la lutte contre l’analphabétisme, Lahcen Maddi.
Les efforts déployés ces dernières années ont certes porté leurs fruits puisque le taux d’analphabétisme a été revu à la baisse, mais pour autant le nombre des analphabètes reste élevé : 40 % de la population marocaine de plus de 15 ans ne sait ni lire ni écrire.
Mais, qu’il s’agisse du monde arabe ou du Maroc, le constat d’échec est avéré.
La rencontre initiée par la Ligue à l’occasion de la célébration de la Journée arabe de la lutte contre l’analphabétisme a permis une fois encore de mettre l’accent sur « la situation épouvantable » dans le monde arabe et sur la nécessité de
« relever ce défi qui constitue un véritable frein au développement humain ».
« La célébration de cette journée procède de notre conviction profonde au sein de la Ligue marocaine de l’éduction de base, que la lutte contre l’analphabétisme constitue la clef pour éradiquer le sous-développement, l’exclusion et l’ignorance et partant édifier une société démocratique et moderniste », a affirmé Lahcen Maddi.
Au fait, on savait depuis toujours que les pays arabes sont à la traîne quant à la question de l’alphabétisation, mais, ce qui est nouveau peut-être, c’est le constat d’échec reconnu et assumé et la nécessité de revoir les approches adoptées jusqu’à lors dans ce domaine. En effet, force est de reconnaître, les chiffres sont d’ailleurs très éloquents à cet égard, que les efforts qui ont été fournis et les plans d’actions mis en œuvre ont eu peu ou aucun effet notable. Sur les 300 millions d’individus qui constituent la population arabe, il y a environ 100 millions d’analphabètes. Selon Lahcen Maddi toujours, ce sont les femmes qui sont le plus touchées par ce fléau, puisque la proportion des analphabètes avoisine 60% parmi les personnes de sexe féminin.
Un rapport publié par l’ALESCO (Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences) ne fait pas dans la dentelle non plus puisqu’il rappelle que les pays arabes arrivent en tête du peloton des pays qui comptent le plus d’analphabètes. Le rapport souligne aussi et surtout que le phénomène ne risque pas d’être endigué dans les prochaines années au vu du rythme où vont les choses. Même si certains pays sortent du lot puisqu’ils ont pu réaliser des résultats honorables, le monde arabe reste le premier dans le hit parade mondial de l’ignorance. Ainsi si des pays comme la Syrie, la Tunisie et la Lybie ont pu réduire considérablement ce taux, d’autres comme l’Egypte, le Yémen, l’Algérie, le Soudan et le Maroc pataugent toujours dans ce fléau.
Pis, ces cinq derniers pays groupés totalisent à eux seuls 78 % des analphabètes du monde arabe. Qualifié de douloureux, cet état des lieux montre, selon Lahcen Maddi, la relation dialectique entre l’analphabétisme et les habitudes de lecture. Le secrétaire générale de la Ligue nous apprend ainsi que la moyenne du temps consacré à la lecture dans le monde arabe ne dépasse pas 6 minutes par an alors que dans le monde occidental cette moyenne frôle les 12.000 minutes par an. La différence est astronomique et prouve qu’il n’y a pas de commune mesure entre les deux parties. Par la force des choses, cet état de fait influe sur le marché de l’édition des livres. C’est ainsi que le monde arabe édite annuellement 1.650 livres, en tout et pour tout. Alors que dans les pays occidentaux, le nombre de livres édités chaque année avoisine 85.000, soit plus que le cinquantuple. Visiblement, la situation tendance ne risque pas de s’inverser de sitôt.
Il est même à craindre que la différence se creuse davantage. Au Maroc par exemple qui a été cité dans le rapport de l’ALESCO parmi les lanternes rouges, l’éradication de l’analphabétisme n’est pas pour demain. Les efforts du gouvernement et de la société civile achoppent sur le phénomène de la déperdition scolaire. Lahcen Maddi indique ainsi que les statistiques du ministère de l’Education nationale font état de 400.000 élèves qui quittent les bancs de l’école chaque année. Selon le même département, un million d’enfants ne trouvent pas une place au sein de l’école chaque année. De plus, selon une étude de la banque mondiale, 25 % des élèves marocains terminent leurs cinq premières années à l’école sans avoir acquis les compétences nécessaires en matière de lecture, d’écriture et de calcul. C’est dire qu’il faut revoir de fond en comble les stratégies adoptées et « prendre des mesures courageuses loin de toutes les surenchères » pour reprendre les termes du rapport du cinquantenaire.
Le Matin 15/01/2008
Paru sur le bulletin Wired for WOMEN’S RIGHTS In Morocco n°230