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Mali : le nouveau Code de la famille accueilli par des violences
mercredi 26 août 2009
Le 3 août 2009, l’Assemblée nationale du Mali a adopté un nouveau "Code de la famille" qui, pour une première dans l’histoire de ce pays à forte majorité musulmane, dévolue les mêmes droits successoraux à la femme qu’à l’homme. Une première qui fait de nombreux remous : des dirigeants et jeunes musulmans ont juré d’empêcher le code de devenir loi.
Le secrétaire général du Haut conseil islamique malien, Mohamed Kimbiri, a annoncé, lors d’une interview donné à IRIN, que le conseil ferait tout pour empêcher l’application de la loi. "Ce code est honteux, c’est une trahison [pour les musulmans]... Nous ne sommes pas contre l’esprit du code, mais nous voulons un code approprié pour le Mali, qui soit adapté à ses valeurs sociales. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que ce code ne soit pas promulgué ou adopté."
Depuis l’adoption de ce code, les protestations se font de plus en plus vives et mobilisent de plus en plus de centaines de leaders religieux et de chefs de villages, qui s’expriment "contre la promulgation d’une loi jugée scélérate et satanique".
Adopté à une large majorité de 117 voix, pour 5 contres et 4 abstentions, ce texte de loi est une avancée en terme de droit des femmes. Il inclue notamment :
l’égalité de la fille et du garçon devant un héritage, en cas d’absence avérée de texte écrit ou de témoins pouvant attester de vœux contraires du défunt ;
un "droit commun applicable à tous les Maliens" ;
l’abolition des dévolutions successorales qui se réglaient jusque-là sur la base de la coutume ou du droit religieux, musulman notamment, selon lequel la part successorale de la femme (fille) est la moitié de celle de l’homme (garçon) ;
l’instruction à la femme malienne, non plus un "devoir d’obéissance" comme le voulait jusque-là le code civil, mais un simple "devoir de respect" à l’homme ;
l’évolution du vocable "obéissance", remplacé par "respect", estimé plus approprié lorsqu’il s’agit de parler de rapports entre femme et homme.
Conçu dans un souci d’égalité entre l’homme et la famille, le nouveau "Code de la famille et des personnes" du Mali est l’aboutissement d’un long processus que les autorités ont entamé en 1998, malgré l’opposition de certains milieux islamistes.
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Dernière actualité :
Le président Amadou Toumani Touré du Mali a décidé de renvoyer en « deuxième lecture » aux députés un nouveau Code de la famille très controversé, mais que l’assemblée nationale avait déjà adopté et qui n’attendait que sa promulgation par le chef de l’Etat pour entrer en vigueur.
La décision prise, selon le président, « au nom de la paix, de la quiétude sociale » et de « l’unité nationale », a été annoncée par le chef de l’Etat lui-même dans un message diffusée par l’Office de Radio Télévision du Mali (ORTM, publique).
Ouestaf.com - Nouveau code de la famille au Mali : le président renvoie le texte en « deuxième lecture »
Jeune Afrique - Code de la famille : "La femme reste femme et l’homme reste homme"
Afrik.com - Code de la famille : les femmes maliennes montent au créneau
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Pour consulter les articles :
Afrique Avenir - La femme et l’homme à égalité dans un nouveau Code de famille adopté au Mali
IRIN - Le nouveau code de la famille accueilli par des menaces de violence
Mali Jet - Vive protestations contre le nouveau code des personnes et de la famille : De l’ultimatum à la mise en garde
Pour en savoir plus :
Mali : Révision du code de la famille : Quel sera le nouveau statut de la femme ?
Femme, Islam et droit de la famille au Mali
Code de la famille : le président Touré veut calmer le jeu