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Rapport de synthèse 1995-2009. Programme d’action de Pékin en Afrique
mercredi 20 janvier 2010
La huitième Conférence régionale africaine sur les femmes (Pékin + 15) s’est déroulée du 16 au 20 novembre 2009 à Banjul (Gambie). A cette occasion, la Commission Économique pour l’Afrique des Nations Unies (CEA) y avait présenté son examen de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing en Afrique,
quinze ans après son adoption (Pékin + 15). Alors qu’elle lance la Décennie africaine du genre, la CEA préconise la parité entre hommes et femmes en matière de prises de décision.
Le rapport complet est désormais disponible.
N’hésitez pas à le commenter dans le cadre de notre forum sur Pékin + 15 !
Table des matières :
I. Introduction.
II. Historique.
III. Mise en œuvre du Programme d’action, par domaine de préoccupation critique.
3.1. Les femmes et la pauvreté.
3.2. L’éducation et la formation des femmes.
3.3. Les femmes et la santé.
3.4. La dimension féminine du VIH et du Sida.
3.5. La violence contre les femmes.
3.6. Les femmes et les conflits armés.
3.7. Les femmes et l’économie.
3.8. Les femmes au pouvoir et dans la prise de décisions.
3.9. Les droits humains des femmes.
3.10. Les femmes et les médias.
3.11. Les femmes et l’environnement.
3.12. La petite fille.
IV. Conclusions et recommandations : pour aller de l’avant.
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Pour en savoir plus, vous pouvez consulter et télécharger : le rapport de synthèse 1995-2009 complet du CEA
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Voir aussi Beijing + 15 ne devrait pas exister ! sur le site d’AWID
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Un article paru sur le Dakar Times intitulé "2010-2020, Décennie africaine du genre (1) : Les femmes à l’assaut des politiques" , revient sur l’évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre du Programme d’action de Pékin émise dans le rapport de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) des Nations unies, mais également sur les préconisations retenues et les efforts à accomplir.
"Alors que l’Union africaine lance la Décennie africaine du genre, la
Commission économique pour l’Afrique (CEA) des Nations unies a évalué les
progrès accomplis dans l’application du Programme d’action de Pékin, qui
préconise la parité entre hommes et femmes en matière de prises de
décision. Les progrès – en politique ou en matière d’éducation – ne
cachent pas les progrès restant à faire – pauvreté, santé, sécurité…"
Quelles priorités l’Union africaine devra-t-elle appuyer au cours de la
Décennie africaine du genre qui s’ouvre en 2010 ? La réponse se trouve en
grande partie dans le rapport de la Commission économique pour l’Afrique
(CEA) des Nations unies, présenté en novembre dernier à Banjul (Gambie),
lors de la 8e Conférence régionale africaine sur les femmes. Ce document
de synthèse* orientera les décisions que prendront les gouvernements dans
la Maison de verre, à New York, en mars 2010, lors de la 54e session de la
Commission sur le statut de la femme.
Il s’agit d’une évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre du
Programme d’action de Pékin, qui préconisait, en 1995, « l’égalité des
hommes et des femmes dans la participation aux prises de décision ». Un
long chemin reste à parcourir, estime la CEA, qui montre comment les
femmes africaines réalisent des avancées notables en matière politique.
L’accès à l’éducation primaire a aussi nettement progressé. En revanche,
tout reste à faire pour lutter contre la pauvreté, et pour un meilleur
accès aux revenus, à la santé, à la sécurité et au respect des droits
humains.
Les femmes désormais sur la scène politique
L’UA s’est dotée d’une politique du genre afin d’accélérer les engagements
nationaux et régionaux en faveur des femmes. Ainsi, un Protocole pour
l’égalité des sexes a été adopté par la Communauté de développement de
l’Afrique australe (SADC) en 2008. A Pékin, les pays s’étaient notamment
engagés à modifier constitutions et législations afin de promouvoir les
droits politiques des femmes et en particulier leur représentation dans
les instances électives.
Au niveau parlementaire, le seuil de 30 % des sièges était loin d’être
atteint en Afrique de l’Ouest en 2002 (10 % au Sénégal ; 15 % en Côte
d’Ivoire), note la CEA, mais proche de l’être en Afrique de l’Est et
australe. Le Mozambique et l’Afrique du Sud y étaient parvenus et le
Rwanda l’avait dépassé (49 %), proche de la parité souhaitée par l’UA dans
sa Déclaration solennelle sur l’égalité entre hommes et femmes en Afrique
de juillet 2004.
Certains pays soutiennent les femmes parlementaires. Le Burkina Faso le
fait depuis 2005 sous la forme d’un « caucus genre » (un groupe d’appui) à
l’Assemblée nationale. Le Ghana a instauré une discrimination positive :
un quota de 40 % qui a entraîné une augmentation de 10 % de femmes élues
dans les districts… Le Maroc accorde des subventions aux partis politiques
pour qu’ils présentent des femmes aux élections... Et des actions de
sensibilisation et de formation sont mises en place un peu partout pour
convaincre les femmes de la nécessité de voter.
Résultat, au plus haut niveau, les femmes montrent leurs capacités à
gouverner : Luisa Dias Diogo, docteur en économie du développement, nommée
Premier ministre du Mozambique en 2004 ; Ellen Johnson-Sirleaf, première
femme africaine élue chef d’un Etat en 2005 ; et Rose Francine Rogombé,
présidente du Sénat, qui a assuré avec sagesse l’intérim de la présidence
gabonaise en 2009. Des exemples peu nombreux mais qui ont un grand
retentissement.
Les chiffres ne disent rien des inégalités dans les ménages
« Rien ne permet jusqu’à présent de penser que les politiques et les
stratégies poursuivies actuellement ont réduit la féminisation de la
pauvreté (…) dont le recul reste un défi urgent et persistant », déplore
cependant la CEA. La plupart des pays disent avoir adopté des Stratégies
pour la réduction de la pauvreté (DSRP) comportant un volet féminin. Mais
la mise à disposition de microcrédits (tant vantés par les bailleurs et
les ONG) n’a pas débouché « sur une augmentation du pouvoir économique des
femmes » pas plus que les programmes de protection sociale n’ont eu
l’impact escompté. De plus, les estimations ne sont toujours pas ventilées
par sexe : les chiffres ne disent donc rien des inégalités dans les
ménages.
Plus de la moitié de la population africaine, majoritairement féminine,
vit en dessous du seuil de pauvreté (moins de 1 $ par jour). Cette
pauvreté endémique, concentrée en zone rurale, touche toutes les régions
(hors Afrique du Nord), selon le rapport conjoint CEA/Banque africaine de
développement (2009) qui évalue l’avancement des Objectifs du millénaire
pour le développement (OMD). De plus, les femmes vont subir plus fortement
les conséquences du ralentissement économique mondial, notamment en termes
d’emplois. Tout cela, malgré une croissance positive dont les fruits ne
sont pas partagés.
Des progrès en matière d’éducation primaire…
Une bonne nouvelle. « L’un des domaines où l’Afrique a connu des succès
est l’éducation ». Selon ses Perspectives économiques 2009, près de 70 %
des pays ont déjà atteint la cible de la parité des sexes. Le rapport 2009
sur les OMD indique que les taux de scolarisation nets en Afrique
subsaharienne sont passés de 58 % en 2000 à 74 % en 2007. Le continent
devrait atteindre les cibles pour l’enseignement primaire. Mais le
problème se pose encore pour les études au-delà. D’autre part, la CEA
s’inquiète de « la détérioration de la qualité de l’éducation. (…) Partout
en Afrique, les écoles ne sont pas suffisamment financées ».
…mais la mortalité maternelle la plus élevée du monde
En revanche, « malgré les engagements pris en faveur de la santé, (...) la
mortalité maternelle en Afrique reste la plus élevée du monde ». La
plupart des pays disent avoir mis en place un programme approprié. Mais
l’échec est patent. Il est notamment attribué aux insuffisances des
personnels de santé ainsi qu’à l’accès limité aux soins obstétriques
d’urgence. Enfin, les taux de mortalité maternelle et infantile sont
fluctuants. Ils peuvent descendre puis remonter – comme en Namibie ou au
Ghana – en fonction des conjonctures.
Autre point alarmant : les femmes sont touchées par les épidémies dans une proportion largement supérieure à celle des hommes, avec des différences de prévalence entre les sexes particulièrement marquées chez les jeunes pour le VIH. « Les femmes et les filles âgées de 15 à 49 ans représentent 60 % de la prévalence et des nouvelles infections – (…) avec les conséquences sociales et économiques ». N’oublions pas que « les pays d’Afrique australe représentent un peu plus de 40 % des femmes séropositives du monde »."
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Source : The Dakar Times