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Sénégal : gynécologie, une spécialité médicale qui peine à entrer dans les moeurs
vendredi 4 juillet 2008
Complexe de se déshabiller devant un gynécologue ou peur qu’une pathologie gynécologique soit décelée ? En tout cas, elles ne sont pas nombreuses les Sénégalaises à solliciter les services des gynécologues.
Mais, certaines tentent de se justifier en estimant qu’elles ne sont pas assez informées et souhaitent une campagne de sensibilisation pour que les femmes, surtout les analphabètes, puissent s’informer sur les conséquences de probables problèmes gynécologiques.
En cette matinée, les femmes sont venues nombreuses au centre de santé Youssou Mbargane Diop de Rufisque pour bénéficier des consultations gratuites en gynécologie, offertes par l’Association des femmes médecins du Sénégal.
Assises sur les bancs, elles attendent leur tour pour se présenter devant les spécialistes. Une à une, elles entrent dans la salle de consultations d’où certaines sortent après quelques minutes. D’autres, par contre, mettent beaucoup de temps à cause certainement de complications décelées lors de l’examen. Mais, tout se déroule dans la plus grande confidentialité.
Parmi les femmes présentes, quelques filles dont la plus jeune est âgée de 17 ans. Elles sont venues se faire examiner. Une mobilisation révélatrice de la prise de conscience des problèmes gynécologiques. Donc, ces consultations gratuites viennent à point nommé, surtout que la plupart des femmes présentes n’ont pas un accès facile aux spécialistes en gynécologie pour des raisons financières et culturelles. Notamment l’ignorance.
Le poids de la tradition
Au Sénégal, selon certaines religions et coutumes, une femme ne doit pas se déshabiller devant un étranger, explique une dame. La pauvre a refusé de se faire consulter parce que tout simplement, elle n’a pas l’autorisation de son mari. « Je ne peux pas le faire, sinon, j’aurais des problèmes avec mon mari », explique la quadragénaire.
Dans ce groupe de femmes où on ne cause presque pas, une jeune fille de 17 ans se distingue. Elle s’appelle Salimata Ndiaye. Timide, il est difficile de lui soutirer un mot. Mais, avec l’aide d’une autre femme, assise à côté d’elle, la fille ouvre la bouche et sort ses premières paroles. « Je suis venue me faire consulter parce que je n’ai jamais vu mes règles et ma mère est très inquiète, vu mon âge. Elle m’a demandé de venir me faire examiner et de connaître les causes du retard de mes règles parce que ce n’est pas normal qu’une fille de mon âge n’arrive pas à voir ses règles », déclare Salimata.
Agée de 27 ans, célibataire sans enfant, c’est la deuxième fois que Nogaye Seck se fait consulter par un gynécologue. Elle avoue comme Ndèye Diop Ndiaye qu’elle n’a pas le complexe de se déshabiller devant un médecin pour se faire soigner. « Lors de ma première consultation, le gynécologue avait décelé chez moi quelques complications au niveau de mon bas ventre. Il m’a prescrit une ordonnance et je me suis traitée. Grâce à Dieu, ça va. J’espère que cette fois-ci on ne trouvera pas de maladies de ce genre sur moi », prie la jeune fille.
Source : Le Soleil