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Une campagne de sensibilisation pour lutter contre le phénomène des petites bonnes

lundi 29 janvier 2007

Une campagne nationale visant à sensibiliser aux dangers de l’embauche de petites bonnes a été lancée dans plusieurs villes du Maroc. Cette campagne s’inscrit dans le cadre du Plan d’Action National pour l’Enfance adopté l’an dernier par le Gouvernement.

Par Sarah Touahri pour Magharebia à Rabat –23/01/07

Une campagne nationale de sensibilisation d’un mois visant à empêcher l’emploi des petites bonnes a été lancée au Maroc, dans le cadre d’un projet national de sensibilisation à ce phénomène.

"Nous voulons que cette campagne sensibilise l’opinion publique dans son ensemble aux dangers inhérents à ce fléau social, qui confisque les droits humains de plusieurs milliers de filles et hypothèquent leur présent et leur avenir", a déclaré Yasmina Baddou, secrétaire d’Etat à la Famille, à l’Enfance et aux Personnes Handicapées, à des journalistes, vendredi 19 janvier à Rabat.

Mme Baddou a indiqué que cette campagne marque le début du projet Inqad, qui s’inscrit dans le cadre du Plan d’Action National pour l’Enfance adopté par le Gouvernement l’an dernier.

Cette campagne, lancée lundi et qui se poursuivra jusqu’au 23 février, proposera une série de spots de sensibilisation et d’information à la radio et à la télévision. Des forums de discussion proposant un large éventail de matériels d’information destinés aux personnes employant des petites bonnes seront organisés dans les quatre régions couvertes par le projet — Casablanca, Rabat, Fez et Marrakech. Une caravane publicitaire parcourera ces villes, distribuant des matériels de sensibilisation aux familles qui emploient des petites bonnes et à celles considérées comme susceptibles de placer leurs jeunes filles sur le marché des emplois domestiques.

Il est difficile d’estimer la prévalence de ce phénomène au Maroc, car il survient au sein des familles, et parce que le pays manque cruellement de données statistiques sur l’emploi des petites bonnes. Human Rights Watch affirme qu’elles pourraient être au nombre de 66 000 au Maroc. Une étude menée dans la région du Grand Casablanca estime le nombre de ces petites bonnes à 25 000.

Le projet Inqad vise à combler le vide juridique en matière du travail des petites bonnes. Le code de travail actuel stipule que l’âge minimum du travail pour les enfants est de 15 ans. Bien que l’emploi de mineurs pour des travaux potentiellement risqués pour leur vie et leur santé soit illégal, la loi ne prévoit aucune sanction précise. Un projet de loi est en cours d’élaboration pour combler ce vide juridique.

La prévention est aussi l’un des axes principaux du programme Inqad, qui vise à lutter contre les facteurs favorisant le phénomène. Il s’attaque ainsi au réseau des intermédiaires et encourage les familles en milieu rural à envoyer leurs filles à l’école.

Le sociologue Mohamed Bouchtaoui explique que les facteurs socio-économiques de ce phénomène sont nombreux. "Il y a d’abord la pauvreté et l’abandon scolaire en milieu rural qui alimentent le marché du travail domestique. Il y a aussi un facteur culturel, beaucoup de familles favorisant les pratiques discriminatoires basées sur le sexe. Les filles se voient confier traditionnellement les tâches domestiques. Le troisième facteur est lié au vide juridique. Il n’existe toujours pas une loi qui réglemente le travail domestique."

Agée d’à peine 10 ans, Rkia Badie est employée dans une maison à Témara depuis six mois. Si elle est satisfaite du traitement de ses employeurs, elle ne cache pas le fait que sa famille lui manque : "J’aurais aimé continué mes études auprès de ma famille, mais il faut que j’aide mes parents."

Source : http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2007/01/23/feature-01.