J’essaie. Pas facile de recoller les morceaux, d’être pédagogique,
politique, philosophique, historique, scientifique et pratique à la fois …
de déconstruire et de construire, de déstabiliser sans aliéner.
Désarticuler biologie et culture, imbriquer intelligemment et
intelligiblement le patriarcat, le contrôle par et de la sexualité des
femmes, la lutte des classes, le néolibéralisme et autres
fondamentalismes, le féminisme (pardon, les féminismes) et les
masculinités, tirer des parallèles entre les rapports inégaux entre les
sexes et entre les peuples ! Pfft ! Vous avez essayé de faire ça récemment
avec un ado, même sympathisant, mais qui n’a pas toute la journée à vous
consacrer ? Et à ceux qui vous disent que les hommes sont entrain de
devenir des femmes, des serpillères … vous dites quoi ? Sans parler des
filles, qui ne veulent être ni comme leur mère, ni féministe, savent
qu’elles ne doivent pas accepter la première gifle mais pensent qu’il y a
quand même des filles « qui ne l’ont pas volé » …
A l’âge où l’idée de sexe fort/faible se construit, où il importe de dire,
clairement, qu’il n’y a de 1er ni de 2ème sexe, qui se risque vraiment à
décrypter tout ça avec les adolescents, filles et garçons ? Les parents,
les enseignant/es, les élu/es, les éducateur/trices ? A Bamako, Niamey,
Rabat ou Paris, est-ce que ce ne sont pas souvent les tantines et copines
féministes de la famille qui distillent le genre entre le plat de riz et
le match de foot ? … sous l’œil parfois narquois et dissuasif des convives
… arrête donc de l’embêter avec ces (pardon, TES) histoires … ? A quand
l’intégration systématique, scientifique et politique de ces questions
dans les curricula scolaires et universitaires, les messages politiques,
médiatiques … familiaux ?
Heureusement, revoilà le 8 mars, international et salvateur, au contenu
aussi prévisible que les giboulées du même mois dans l’hexagone. En
hauts-lieux, c’est la flambée d’un jour ... cocktails de bonnes
intentions et gratin politique tout juste sorti du four et prêt à y
re-entrer … le tout arrosé d’un gros plan médiatique. On accommode les
Objectifs du Millénaire à la sauce genre pendant que la Convention sur
Toutes les Formes de Discriminations envers les Femmes (CEDEF) refroidit.
Les fêtes du 8 mars, c’est un budget qui fait rêver les « petites mains »
féminines et bénévoles du monde entier qui triment toute l’année pour
obtenir les fonds nécessaires à la mise en place d’actions qui
s’inscrivent dans la durée … parce que l’argent (et les stratégies) pour
la réduction des inégalités femmes/hommes, entre les 8 mars, ça ne court
pas les couloirs des ministères, à Bamako, Niamey, Rabat ou Paris ! Fêtes
et défaites … c’est une autre année de plaidoyer et de lutte qui commence
… on va essayer d’avancer, tenaces et loquaces, parce qu’on n’a pas le
choix. Un remède anti-déprime expliqué aux ados ?
Vous êtes maintenant plus de 1000 membres à recevoir le bulletin ! Le
réseau Genre en Action fonctionne en majorité sur du bénévolat … Nous
avons besoin d’encore plus de structures relais, de points focaux, de
rédacteur/ices, de partenaires actifs ( !) … Si la survie de ce réseau
vous importe, alors manifestez-vous auprès de
coordination chez genreenaction.net pour discuter comment y apporter votre
soutien actif.
Ce mois-ci, vous trouverez dans le bulletin des informations sur les
droits face aux violences (en France, Algérie, Bulgarie, Russie, les MGF
en Afrique), des réflexions sur la nécessaire transformation des relations
et des institutions sociales, des outils d’analyse et de formation, un
nouveau forum autour des formations en genre pour contribuer au débat sur
l’instrumentalisation versus la politisation de l’approche genre. Et
comme d’habitude, de nombreuses annonces et rencontres.
Claudy Vouhé
ps : et si vous savez comment expliquer le genre aux ados, faîtes-nous
signe !