- Awa Fall Diop, membre de Genre en Action et experte en genre (ORGENS, Sénégal) a animé la formation des formatrices auprès des membres de Gepalef et de Leadafricaines.
A quatre mois des élections présidentielles en Côte d’Ivoire, le réseau Genre en Action et les ONG ivoiriennes Leadafricaines et Gepalef, avec l’appui de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), ont lancé une campagne d’interpellation politique qui a débuté ce 4 juin 2015 à Abidjan par une formation à des groupes de femmes au processus d’interpellation.
Renforcer les capacités des associations féminines en matière d’interpellation
L’objectif de la formation était de former des leaders féminines en Côte d’Ivoire aux méthodes et moyens d’interpellation politiques et à la "co-construction" du processus d’interpellation.
Lors d’une première session les 2 et 3 juin 2015, les expertes de Genre en Action, Awa Fall Diop [1] (Sénégal) et Lorie Decung [2] (France) ont formé les membres des organisations ivoiriennes Gepalef et Leadafricaines aux méthodes d’interpellation politique et aux outils de communication.
- L’éducation a été identifiée comme étant un domaine prioritaire pour faire avancer les droits des femmes en Côte d’Ivoire.
Lors de la seconde session, qui lançait officiellement la campagne, ces dernières sont devenues à leur tour formatrices et ont transmis leurs connaissances nouvellement acquises à plus de 30 femmes issues d’une vingtaine d’associations féminines d’Abidjan et de Côte d’Ivoire. Parmi ces organisations, issues de toutes couches sociales et religieuses, citons le Groupe d’Organisation Féminine pour l’Egalité Homme Femme (GOFEHF), le Réseau des Femmes pour les Droits Humains en Côte d’Ivoire (RFDH-CI), la Plateforme des Femmes pour Gagner (PFG), la Jeunesses Etudiante Catholique (JEC) ou encore l’Association des Jeunes Musulmanes de Côte d’Ivoire (AJMCI).
Les domaines prioritaires : l’éducation et la politique
La première journée a consisté à faire l’état des lieux de la situation des femmes en Côte d’Ivoire et à cibler les domaines prioritaires d’intervention. Deux domaines ont été identifiés, à savoir l’éducation et la politique.
Dans le domaine de l’éducation, les statistiques démontrent que le maintien des jeunes filles à l’école est un véritable problème. Le taux de filles scolarisées baisse au fur et à mesure que le niveau scolaire augmente. Ainsi, on constate qu’il y a 97% de garçons contre 83% de filles au primaire tandis qu’au secondaire, il y a 41% de garçons contre 27% de filles.
Dans le domaine politique, la Côte d’Ivoire affiche encore un taux bas de représentation des femmes dans les instances de décision, loin des 30% minimum requis par les autorités régionales : 17% de femmes ministres, 15% de femmes conseillères municipales, 11% de femmes conseillères régionales, etc.
- Léocadie, membre de Leadafricaines, a animé le module sur la communication.
Communication et capitalisation : deux étapes essentielles du processus d’interpellation
Lors de la seconde journée de formation, les femmes ont été initiées aux outils et canaux de communication qui serviront par la suite à l’interpell’action des candidat-e-s aux élections présidentielles. A partir de deux études de cas, une campagne pour la paix menée par les femmes en Casamance (2012) et l’interpellation par les Féministes en Mouvements des candidat-e-s aux présidentielles en France (2012), différentes stratégies de communication ont été analysées, via des méthodes d’interpellation directes (lettres ouvertes, auditions publiques, pétitions, sit-in, randonnées pédestres, etc.) ou indirectes (campagnes médiatiques, campagnes de communication via les réseaux sociaux, sketches, etc.).
Les femmes ont également été formées à la capitalisation, une étape essentielle du processus d’interpellation. Il s’agit là de la mémoire du projet, avec la volonté de produire un manuel de capitalisation pour permettre de répliquer cette expérience, dans d’autres contextes, d’autres pays, d’autres élections.
- La formation ayant été conçue selon des méthodes participatives, chaque femme a été invitée à prendre la parole.
Des femmes activement impliquées pour réussir leur campagne d’interpellation
La formation s’est achevée le troisième jour par la remise des diplômes de formation lors du déjeuner, dans une ambiance festive et conviviale, à l’image de ce qu’a été la formation tout au long de la semaine. En effet, conçue selon des méthodes avancées de formation participative, inspirées de l’éducation populaire, les deux sessions de formation ont été très interactives et enrichies grâce à l’implication active de chaque participante.
Cette semaine a permis aux organisations de femmes d’apprendre à se connaître, de nouer des liens forts afin de lancer une mobilisation sociale d’ampleur. En effet, cette formation n’est que le début d’une vaste campagne d’interpellation qui servira d’exemple en Afrique.
Article rédigé par Prisca Koffi, le 6 Juin 2015.
Prisca Koffi est membre de Jeunesse Etudiante Catholique (JEC) et a participé aux formations d’Interpell’action.
Interpell’action. Discours de Georgette Zamble, présidente de Leadafricaines (6 juin 2015, Abidjan) by Genre En Action on Mixcloud
- De nouvelles leaders féminines, formées à l’interpellation politique en Côte d’Ivoire, lèvent fièrement leur diplôme de formation.